À propos de Sylvie Barco

Mon premier mur, je l’ai photographié à huit ans, en y mettant en scène mes peluches. Mais c’est en découvrant, adolescente, les portraites d’Indiens d’Amérique d’Eward S. Curtis que la photographie a pris une place centrale dans ma vie.
Après des études à Icart Photo, dont je suis sortie major en 1996, le mur est devenu mon sujet de prédilection. Ce territoire introspectif, chargé de textures, de marques et d’histoires, est pour moi une sphère intérieure où mes émotions et expériences personnelles trouvent leur écho.
Chaque mur devient un témoin silencieux, une matière vivante que j’explore à travers des séries aux esthétiques distinctes :
Lomoscope, une approche abstraite et scénarisée où des fresques visuelles, composées d’accumulations de photographies urbaines, créent des rythmes graphiques infinis dans leur pouvoir d’évocation.
Chaosun recueil de détails traqués dans la rue, révélant une poésie intime à travers les traces, les peurs et l’abandon.
Wall Street, où le langage universel du street art s’exprime dans une harmonie parfaite : deux murs tagués, photographiés à des lieux différents, se fondent pour n’en faire qu’un. Cette série donne la parole aux artistes de rue, mêlant leurs expressions à ma vision photographique.

UN ENGAGEMENT POUR L'ART URBAIN ET SES RÉCITS

Des artistes comme David Hockney, Martha Cooper ou JR nourrissent mon regard, mais c’est une rencontre en Espagne qui m’a menée vers un nouveau sujet : le skateboard. Avec la série G*O*S (Appellation de Gang of Skate), je capte l’intersection entre la planche de skate ,l’expression de soi et les diversités de genres et de cultures.
À travers cette série, j’explore l’énergie brute des skateurs, leur équilibre presque mystique et leur manière de redéfinir l’espace urbain. Pour moi, le skateboard est une pure allégorie de la vie : chute, équilibre, mémoire, transmission, affirmation de soi.
En 2019, j’ai élargi mon approche avec les Big Wall, des collages immersifs mêlant mes photographies de murs et de skate. Ces fresques, réalisées sur de grands lés de papier, plongent dans la poésie et la narration des espaces urbains. J’y intègre carnets urbains, textes et tout ce qui nourrit mon inspiration, établissant une véritable connexion avec la rue.
parcours-10 copie 2
Mon travail a été présenté dans des festivals comme Mister Freeze, Grimaud Art Urbain ou Strokar.

PROJETS RÉCENTS ET DISTINCTIONS

En 2020, la série Kingdom m’a permis d’explorer la danse urbaine du Krump, née pour canaliser la violence des gangs de Los Angeles. Cette série de portraits capture la puissance cathartique et viscérale de ce style, où chaque mouvement devient une force libératrice et expressive.
En 2021, avec la série Instagraff, j’ai superposé des motifs graphiques au pochoir sur des photographies de murs, réécrivant des fictions visuelles.
Ces interventions transforment le béton marqué par le temps en oeuvres hybrides, entre le réel et l’imaginaire.
En 2022, j’ai réalisé un collage immersif de G*O*S sur un mur de quinze mètres pour l’exposition Art of Skate à Fluctuart. La même année, j’ai été honorée en tant que lauréate des 100 Femmes de Culture.

En 2024, notre livre Art of Skate (coécrit avec Phillippe Danjean et Stéphane Madoeuf) a été publié aux Éditions Alternatives. Cet ouvrage célèbre la richesse esthétique et culturelle du skateboard, mêlant art, photographie et réflexions sur la ville.

La même année, mon installation « Du mur au skate » a été présentée dans le cadre de Spot24, l’exposition olympique dédiée au sport et aux cultures. Cette œuvre explore le lien profond entre le graffiti et le skateboard, deux expressions urbaines nées dans la rue et nourries par une énergie commune : celle de repousser les limites, de réinventer l’espace public et de célébrer la liberté individuelle. Ces pratiques, bien qu’indépendantes, dialoguent et se répondent dans une variation sur le même thème : la réappropriation de la ville et l’affirmation d’une identité créative.

ET DEMAIN ?

Après le mur et le skate, viendra le breakdance. Cette prochaine étape poursuivra l’exploration des arts urbains comme langage universel, unissant corps et espace dans une poésie de mouvement et d’énergie brute.